Dans les débats passionnés sur les problèmes éthiques posés par les progrès spectaculaires de la recherche en biologie moléculaire et génétique, on est frappé par la résurgence des débats suscités au 19ème siècle par les découvertes en matière de sciences du vivant et de préhistoire. Les travaux de savants suisses, allemands, anglais et français représentatifs du matérialisme scientifique ont alors précipité l’ébranlement de l’explication métaphysique en anthropologie, histoire naturelle, philosophie naturaliste, biologie et médecine. Dans le cadre de la recherche sur les transferts culturels entre la France et l’Allemagne (UMR 8547), on a pu mettre au jour l’importance de scientifiques comme Carl Vogt et de libraires comme Carl Reinwald, tous deux d’origine allemande, dans la propagation du transformisme darwinien en France et l’émergence de l’école anthropologique française. Les travaux et les réseaux relationnels d’Alexandre de Humboldt ont fait l’objet d’études approfondies ; on a pu suivre les traces de d’Alembert à Berlin ; plus récemment, la “question de la diversité culturelle à Berlin 1860-1890” a fait l’objet d’un colloque sous éclairage multiple : psychologie des peuples, anthropologie et ethnologie.
Le projet du groupe de recherche montpelliérain s’inscrit dans un cadre temporel et territorial élargi, allant de la seconde moitié du 18ème siécle, marquée par la parution de l’Histoire natuelle, générale et particulière de Buffon, à l’émergence des fascismes en Europe.
Les principaux axes de notre réflexion sont :
- a réception de la philosophie de la nature allemande du 18ème siècle par l’anthropologie naissante en France ;
- la migration intraeuropéenne des théories sur la nature de l’homme et son rapport au monde ;
- la réception de ces théories en fonction des conjonctures socio-politiques des pays d’accueil ;
- l’institutionnalisation des disciplines ayant pour objet le vivant et les discours qui visent à les légitimer ;
- l’interaction nationalement variables des sous-disciplines qui constituent l’anthropologie et l’ethnologie, sans oublier une jeune science, la linguistique ;
- la vulgarisation de la recherche et son impact sur les discours nationalistes et colonialistes ;
- les traces des biologismes dans la pensée sociale, socialiste et marxienne.
D’autres contributions non visées par les axes principaux ci-dessus restent bien sûr envisageables. Les exposés de quarante minutes avec discussion se feront en français ou en allemand. Les actes du colloque seront publiés dans le cadre de la “Bibliothèque d’Etudes Germaniques et Centre-Européennes” de Montpellier.
Merci de nous faire parvenir dès que possible votre accord de principe et le titre, même provisoire, de votre contribution, accompagné d’une présentation en quelques lignes.