D. Erben: Paris und Rom. Die staatlich gelenkten Kunstbeziehungen

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Titel
Paris und Rom. Die staatlich gelenkten Kunstbeziehungen unter Ludwig XIV.


Autor(en)
Erben, Dietrich
Reihe
Studien aus dem Warburg-Haus 9
Erschienen
Berlin 2004: Akademie Verlag
Anzahl Seiten
120 S.
Preis
€ 69,80
Rezensiert für 'Connections' und H-Soz-Kult von:
Élisabeth Décultot elisabeth.decultot@ens.fr Centre National de la Recherche Scientifique UMR 8547 "Pays germaniques/Transferts culturels" École Normale Supérieure 45, rue d'Ulm F-75 005 Paris

Dietrich Erben se propose dans son ouvrage d'analyser l'histoire des échanges artistiques entre la France et l'Italie sous le règne de Louis XIV. Au choix de cette période, une justification a priori évidente : importantes depuis la Renaissance, les relations que ces deux pays entretiennent dans le domaine des arts s'intensifient fortement dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Elles atteignent entre 1661 et 1715 une vigueur qui ne trouvera d'équivalent qu'à l'extrême fin du XVIIIe siècle, durant l'épisode napoléonien. Mais ce qui justifie le choix de la section chronologique pourrait précisément être aussi ce qui rend son analyse périlleuse au plan de la méthode historique : comment, en effet, rendre compte d'une période aussi riche en événements dans ce domaine ? Indiquons d'emblée que l'auteur parvient entièrement à maîtriser les difficultés inhérentes au sujet. Pour restreindre son enquête, Dietrich Erben utilise plusieurs biais.
Au plan thématique tout d'abord, l'analyse se concentre principalement sur trois objets : les échanges d'artistes, d'œuvres et enfin de savoir faire entre Rome et Paris. Mais dans cet ensemble, l'auteur choisit de ne s'intéresser qu'aux échanges "guidés par l'État", un terme qui, comme l'indique l'introduction, n'est certes pas sans poser quelques problèmes. Il a en effet été longtemps de règle dans la tradition historiographique de voir dans l'organisation de l'État sous Louis XIV une structure forte à laquelle — qu'on jette sur elle un regard admirateur ou critique — on prêtait volontiers une influence centrale. Dans la lignée de travaux assez récents 1, Dietrich Erben affiche d'emblée son scepticisme face à cette représentation de la monarchie absolue, en soulignant à plusieurs reprises que la politique des institutions académiques était de toute évidence assez peu efficace et même sujette à controverse. Il demeure néanmoins que son étude se concentre sur les mesures directement prises par la couronne, ce qui recouvre essentiellement quatre instances : le roi, la Surintendance des bâtiments et le Petit Conseil, auxquels vient s'ajouter l'Académie. De façon générale, l'ouvrage montre que les échanges artistiques avec l'Italie font l'objet d'une prise en main de plus en plus nette par l'État français.
Méthodologiquement, l'ouvrage se réclame de deux perspectives : celle de la comparaison et celle des transferts culturels — deux approches souvent considérées comme divergentes, voire comme opposées, mais qui montrent ici leur complémentarité. Par la comparaison du régime de Louis XIV et du gouvernement du Pape par exemple, Dietrich Erben parvient à mettre en lumière certains de leurs traits respectifs dans la mise en œuvre d'une politique des beaux-arts ; par l'intérêt qu'il porte aux transferts culturels entre les deux pays, il échappe cependant à la construction d'un modèle bi-polaire figé, qui opposerait les deux ères culturelles en entités closes. Il est heureusement peu question des stéréotypes nationaux dans cet ouvrage. Ce souci d'équilibre se lit dans la conception même du plan. Si le thème reste bien, comme l'indique le titre, Paris dans son rapport artistique à Rome, les lieux ne sont en revanche pas tous français. Dietrich Erben s'intéresse aussi bien au séjour du Bernin à Paris en 1665 et à son rôle dans le projet architectural du Louvre (chapitre 2) qu'à la fondation de l'Académie de France à Rome en 1666 (chapitre 3) et plus généralement à la présence de la France dans le paysage romain (chapitre 4). Cette pluralité des pôles géographiques contribue à relativiser une construction historiographique traditionnelle qui tend à faire du Paris de Louis XIV le centre de la vie culturelle européenne — une relativisation qui fait d'ailleurs partie des intentions explicitement affichées par l'auteur. Au total, l'ouvrage, qui mêle histoire de l'art, histoire des idées, histoire sociale et histoire politique, apporte par son ampleur un éclairage intéressant et synthétique sur les relations artistiques entre Paris et Rome à la charnière du XVIIe et du XVIIIe siècle.

1 G. Asch, Heinz Durchhardt, Hrsg., Der Absolutismus — ein Mythos ? Strukturwandel monarchischer Herrschaft in West- und Mitteleuropa, Köln u.a. 1996 ; Ernst Hinrichs, Fürsten und Mächte. Zum Problem des europäischen Absolutismus, Göttingen 2000 ; Heinz Durchhardt, Die Absolutismusdebatte — eine Antipolemik, in : Historische Zeitschrift 275, 2002, p. 223-331.

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Veröffentlicht am
03.06.2005
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